sábado, maio 26, 2007

Vossos olhos belos

Quem vê, Senhora, claro e manifesto
Camões

Quem vê, Senhora, claro e manifesto
O lindo ser de vossos olhos belos,
Se não perder a vista só com vê-los,
Já não paga o que deve a vosso gesto.

Este me parecia preço honesto;
Mas eu, por de vantagem merecê-los,
Dei mais a vida e alma por querê-los,
Donde já me não fica mais de resto.

Assi que alma, que vida, que esperança,
E que quanto for meu, é tudo vosso;
Mas de tudo o interesse eu só o levo;

Porque é tamanha bem-aventurança,
O dar-vos quanto tenho e quanto posso,
Que quanto mais vos pago, mais vos devo.

*

#36 - Rosas Selvagens


Rosas Selvagens
Les Roseaux Sauvages
França, 1994
Dir.: André Téchiné

"Les Roseaux
sauvages est, sans nul doute, le film le plus personnel que Téchiné ait tourné depuis longtemps. Et le plus réussi. On le sent libre. Libre d’oser. Oser, par exemple (et là, on est en plein opéra!) faire apparaître le fantôme d’un soldat tué en Algérie à celle qui se sent responsable de sa mort (un peu comme Lambert Wilson, renversé par une voiture, ne cessait de hanter la vie de Juliette Binoche dans Rendez-vous). Oser cette séquence qui rappelle les plus belles audaces de la Nouvelle Vague où François, qui a appris que le marchand de chaussures est, selon son expression, un « inverti », s’en va, parce qu’il n’a plus rien à perdre, parce qu’il est prêt à tout, lui demander conseil […] Il y a, dans Les Roseaux sauvages, les moments de grâce infinie, les envolées brutales et les emportements furieux de l’adolescence. Il y a le monde des adultes, symbolisé par deux professeurs également coupables : l’une de ne pas douter assez, l’autre de douter trop." Pierre Murat, Télérama, 01/06/94

#37 - Nosferatu, O Vampiro da Noite



Nosferatu, O Vampiro da Noite
Nosferatu, Phantom der Nacht
Alemanha, 1979
Dir.: Werner Herzog

"Ce Nosferatu, plus qu'un prédateur, est avant-tout la proie d'un destin qui ne lui a jamais laissé connaître ni l'amour ni la mort. Sa mort ressemble donc à un suicide dans les bras du plaisir. Conséquemment, ce vampire est surtout plus humain que son prédécesseur. Son cadavre recroquevillé en est l'ultime preuve là où le vampire de Murnau disparaissait en cendres. Dans un dernier clin d'oeil, le chasseur de vampires arrive trop tard, comme pour confirmer que le comte avait choisi son propre destin. A la réalisation exceptionnelle, s'ajoutent les superbes interprétations tourmentées de Klaus Kinski totalement en contrôle de ses émotions et d'Isabelle Adjani, une beauté glacée qui se sait condamnée. En s'abreuvant de l'essence d'un classique, Werner Herzog, a assuré dans un ultime acte de vampirisme, la survie d'un mythe." Fred Thom

#38 - Intendente Sansho


Intendente Sansho
Sansho dayu

Japão, 1954
Dir.: Kenji Mizoguchi

"When Zushio arrives
as Sado in search of his mother, he is told that she has either jumped from the cape into the ocean (presumably from the spot where we have seen her sing her song of longing) or was engulfed by a recent tidal wave along with many others. Zushio's quest culminates at the shores of the great sea, where all rivers eventually lead. "You have followed the natural course" -- his father's path -- and it has led him to manhood and to reunion with his family. Mizoguchi's camera rises from this intensely, almost unbearably emotional scene to gaze out past mother and son at the now-tranquil sea. One senses in the deep waters which fill the horizon the presence of the entire family in the same frame-space -- Anju, Father, the nurse. The camera turns, peering down at the tiny figure of the man harvesting seaweed on the vast beach. In the aftermath of the tidal wave, out of that oceanic graveyard which envelops most of the earth, he gathers the food, and fertilizer, necessary for those who carry on in 'this transient life'." Jim Emerson

domingo, maio 13, 2007

#39 - Os Guarda-Chuvas do Amor


Os Guarda-Chuvas do Amor
Les Parapluies de Cherbourg

França, 1964
Dir.: Jacques Demy

"Voilà certes une Palme d'or des plus controversées, tantôt admirée par les tenants d'une certaine nouveauté cinématographique, de la romance-bonbon et de la belle musique, tantôt rejetée tel un déchet par
les intellectuels en mal de complexité et de déconstruction narrative!!! Et puis pourquoi pas… Pourquoi ne pas attribuer la Palme d'or à un film "grand public", où la romance à l'eau de rose déploie sa magnificence au son du lyrisme échevelé d'un Michel Legrand en pleine possession de ses moyens. La peinture a eu ses Fragonard, Bouguereau et Watteau… la musique ses Tchaïkovski et Rachmaninov. En 1964, le "cinéma-pompier" triomphe sur les écrans grâce à Jacques Demy et ses Parapluies de Cherbourg . Pour tous ceux et celles qui acceptent les conventions de la comédie musicale, mais aussi son renouveau (tous les dialogues du film sont chantés d'un bout à l'autre), ce film hautement décoratif tient du plus exquis des délices. Ce n'est sûrement pas son sujet qui l'a fait passer à l'histoire. Mais on n'oubliera pas de sitôt sa direction artistique et ses incroyables couleurs, où le papier peint des murs s'harmonise à la perfection aux vêtements des personnages. C'en est presque trop, au point où on en rit à certains moments. Mais il y a le jazz enivrant de Legrand et son non moins célèbre Non, je ne pourrai jamais vivre sans toi , qui nous rattrapent au détour. Et surtout la grande Catherine Deneuve, encore toute jeune à l'époque, et qui était pratiquement une inconnue. S'appropriant la voix sublime de Danielle Licari, elle est toujours bouleversante lorsque, sur le quai d'une gare et le visage en larmes, elle assiste au départ de son amoureux pour la guerre." Louis Goyette